La Direction générale du Trésor a publié en janvier 2025 un rapport approfondi sur les enjeux économiques de la transition vers la neutralité carbone. Inspiré par la « Net Zero Review » du Trésor britannique, ce document analyse les impacts de cette transition pour l’économie française sous divers angles : macroéconomique, sectoriel, impact sur les entreprises, les ménages et les finances publiques. Voici les principaux enseignements à en tirer.

Transition environnement circulaire

Une transition coûteuse mais nécessaire

La France a amorcé un découplage entre croissance économique et émissions de gaz à effet de serre, mais l’effort doit s’intensifier pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Le rapport souligne que l’inaction climatique aurait un impact économique bien plus lourd que les efforts de transition, avec un coût potentiel de 15 points de PIB mondial en 2050 et 30 points en 2100 en cas de réchauffement de +3°C.

 

Des impacts économiques contrastés

  • Croissance et emploi : à court terme, la transition pourrait ralentir la croissance économique en raison de l’augmentation des coûts de l’énergie et des investissements nécessaires. Toutefois, à long terme, les gains de productivité et d’innovation pourraient compenser ces effets ;
  • Ménages : les effets seront différents selon la situation énergétique des foyers. Les plus modestes, plus exposés à la hausse du prix du carbone, doivent bénéficier de mesures d’accompagnement (ex. MaPrimeRénov’) ;
  • Finances publiques : les investissements requis pour la transition sont estimés à 110 milliards d’euros par an d’ici 2030. La réduction des importations d’énergies fossiles (75 milliards d’euros en 2023) pourrait toutefois améliorer la balance commerciale et la souveraineté énergétique.

 

Des politiques publiques déterminantes

Le rapport insiste sur l’importance d’un mix de politiques : tarification du carbone, subventions ciblées, réglementations et soutien à l’innovation. À noter que 71 % des émissions de GES en France sont déjà tarifées, mais de manière inégale entre secteurs.

 

Les défis sectoriels majeurs

  • Industrie : la France, déjà parmi les pays les moins carbonés, doit intensifier la décarbonation de ses procédés industriels, notamment via l’électrification et l’utilisation de l’hydrogène ;
  • Transport : la fiscalité carbone et les incitations au développement des voitures électriques sont essentielles, bien que l’aviation reste un secteur difficile à décarboner ;
  • Logement : il convient de prioriser l’action sur les logements les moins performants énergétiquement (passoires thermiques), et cela justifie un recours aux instruments informationnels (Diagnostic de Performance Energétique) et règlementaires (obligation de rénovation des logements à la location) ;
  • Agriculture : bien que faiblement émettrice comparée à d’autres pays, l’agriculture française doit encore progresser sur des solutions bas-carbone comme la méthanisation.

 

L’adaptation, un enjeu tout aussi crucial

En plus de la réduction des émissions, la France doit renforcer ses stratégies d’adaptation pour limiter les effets du changement climatique (inondations, sécheresses, canicules). La Stratégie Pluriannuelle de Financement de la Transition Écologique (SPAFTE) doit permettre de structurer ces investissements.

 

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