Le jeudi 13 février 2025, le Sénat a mis en ligne un rapport thématique sur l’utilisation possible de l’IA par les acteurs locaux et les comportements à adopter.

Après un rappel de tous les usages possibles de l’IA par les collectivités, le rapport du Sénat s’attèle à la tâche complexe d’examiner les avantages et les risques de l’IA dans le secteur public.

AI

Équation bénéfice-risque de l’IA dans les territoires

D’un côté, les avantages sont mis en avant comme l’amélioration de la qualité des services, la réduction du temps d’attente des utilisateurs ou l’automatisation des tâches répétitives.

L’outil de prévision « Un jumeau numérique » est un outil intéressant. Il s’agit d’une copie virtuelle d’un objet, d’un système ou d’un processus réel, créée dans un environnement numérique. Cela permet de simuler et d’analyser le comportement de cet objet ou système dans des conditions variées, sans interagir directement avec le modèle physique. Cet outil serait très utile pour tous les projets demandant une simulation.

De l’autre côté, les inconvénients sont aussi nombreux :

  • Dérive des coûts : nécessité d’un cadrage précis des projets et d’une optimisation des modèles pour éviter des ajustements coûteux ;
  • Risque environnemental : consommation importante de ressources et d’énergie, mais possibilité d’atténuation grâce à l’IA frugale ;
  • Déshumanisation : remplacement des échanges humains par des robots conversationnels, pouvant entraîner une perte d’informations fines et une standardisation des réponses.

 

Scénarios possibles pour l’avenir de l’IA dans les territoires 

En cas d’adoption de l’IA, les acteurs n’adopteront certainement pas tous un comportement unique. C’est pourquoi le compte rendu formule trois scénarios qui explicite les différentes routes qu’ils pourraient emprunter.

Le premier scénario exposé est celui de la méfiance assumée qui s’illustre par une adoption limitée de l’IA en raison de la méfiance du public et de la crainte de la déshumanisation.

Le second scénario mis en avant est celui du tâtonnement prudent qui correspond à un déploiement progressif de l’IA avec mutualisation des moyens de contrôle des solutions.

Enfin le dernier scénario est celui de la mise en œuvre ordonnée où l’on assite à une coordination forte entre les acteurs locaux pour un déploiement rapide et massif de l’IA, s’appuyant sur des solutions standardisées.

 

Recommandations pour un déploiement réussi de l’IA dans les territoires 

Au vu des scénarios, le rapport présente quelques recommandations pour un déploiement réussi dans les territoires. D’abord, il est crucial que les acteurs locaux aient l’autonomie dans leur stratégie d’IA. Puis, il faut déployer des efforts de pédagogie et d’explication pour vaincre la méfiance et impliquer les citoyens et les agents territoriaux. Enfin, l’IA doit rester une aide à la décision et ne pas fonctionner de manière totalement automatique et autonome.

Pour conclure, l’étude se termine par la formulation d’une dizaine de propositions opérationnelles, s’apparentant à une feuille de route en cas de déploiement de l’intelligence artificielle. Il est nécessaire de mieux connaître et organiser la production et l’exploitation des données numériques territoriales en adoptant des référentiels standardisés et en créant des obligations de remontées automatiques de données dans des bases souveraines. Il est également important d’affirmer le principe de propriété collective des données publiques locales en introduisant des clauses de partage des données dans les contrats de délégation de service public ou les marchés publics. Concernant l’utilisation des outils d’IA, il est recommandé de mettre en production des systèmes d’IA à travers l’expérimentation, en soutenant les initiatives pionnières et en évaluant les résultats pour une diffusion des bonnes pratiques.

 

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