Ingénierie de développement économique : un rapport sénatorial pour fin mars 2025
Une table ronde s’est tenue au Sénat sur le développement économique, dans le cadre d’une mission confiée à quatre sénateurs.

Une table ronde s’est tenue au Sénat sur le développement économique, dans le cadre d’une mission confiée à quatre sénateurs. Un rapport doit être rendu d’ici fin mars 2025, pour lequel le CNER doit être auditionné prochainement.
Le développement économique local est un enjeu majeur pour l’avenir des territoires. Les collectivités territoriales sont de plus en plus sollicitées pour accompagner les entreprises, favoriser la réindustrialisation et assurer la transition écologique. C’est dans ce cadre que quatre sénateurs sont mis à contribution pour une mission relative à l’ingénierie du développement économique, dont le rapport doit être remis d’ici à fin mars 2025. Une table ronde a été organisée le 20 février 2025.
Le CNER suit ce projet avec intérêt et aura l’honneur d’être auditionné dans les prochaines semaines.
Une agence de développement présentée lors de cette table ronde
Lors de cette table ronde, Caux Seine Développement, agence de développement économique, a été présentée comme une source d’inspiration grâce à son approche intégrée du développement économique local. L’agglomération s’appuie sur une coopération intercommunale de longue date, née autour d’un complexe pétrochimique. L’écosystème de Port-Jérôme a développé une approche d’économie circulaire où les déchets des uns deviennent des ressources pour les autres, et les énergies perdues sont réutilisées.
L’agence s’adapte aux enjeux de la décarbonation en attirant des entreprises spécialisées dans le recyclage et le bioplastique. Elle a également mis en place une « maison des compétences » permettant de répondre aux besoins des entreprises en ressources humaines. La structure de Société Publique Locale (SPL) offre agilité et réactivité dans la mise en œuvre des projets. Elle soutient aussi le commerce local et prend en compte l’économie sociale et solidaire. Enfin, elle anticipe les mutations économiques en accompagnant les reconversions industrielles et la gestion des friches.
Programme Rebond : des leviers identifiés pour le développement économique
Le programme de recherche-action Rebond est également intervenu et a mis en évidence plusieurs leviers clés pour repenser le développement économique local. L’objectif principal est de dépasser le modèle traditionnel axé sur la compétition et l’attractivité, au profit d’une approche plus intégrée et durable.
Les principaux leviers identifiés sont :
- Prise en compte des enjeux écologiques et sociaux : intégrer les questions environnementales et sociales dans les politiques de développement économique ;
- Dynamiques interterritoriales et coopération : favoriser la coopération entre les territoires plutôt que la concurrence ;
- Nouvelles finalités du développement économique : repenser les objectifs du développement économique en intégrant des indicateurs de bien-être et de justice sociale ;
- Évaluation des politiques publiques : évaluer les politiques publiques au-delà des simples dispositifs, en se concentrant sur les objectifs et les impacts réels sur le territoire ;
- Formation des élus : souligner le rôle crucial de la formation des élus pour impulser des bifurcations nécessaires face aux nouveaux défis.
Relocalisation de la valeur ajoutée et ingénierie territoriale
Nicolas Portier, également invité, a souligné l’importance de la relocalisation de la valeur ajoutée pour renforcer les responsabilités locales en matière de développement économique, en particulier dans un contexte de financiarisation croissante. Il a mis en avant la nécessité de compétences techniques pour la requalification du foncier et a insisté sur le lien entre le développement économique et la fiscalité locale. De plus, il a noté une progression des ingénieries territoriales, tout en soulignant le besoin de renforcer les compétences et les formations dans ce domaine. Il a aussi insisté sur l’urgence de la planification écologique, la nécessité de la réindustrialisation et l’importance des partenariats.
Le choix de Strasbourg
Anne-Marie Jean, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, a partagé l’expérience de l’Eurométropole, qui privilégie les agences mutualisées à l’échelle régionale plutôt qu’une agence propre. En effet, Strasbourg s’appuie sur des agences mutualisées comme l’Adira, justifié par la densité du territoire alsacien.
Elle a insisté sur l’importance de la coopération territoriale, de l’intelligence collective, et de l’utilisation stratégique des achats publics pour favoriser la proximité et l’engagement RSE. Elle a également souligné la nécessité d’une redistribution des ressources fiscales pour encourager un aménagement économique basé sur des critères de long terme et la maîtrise du foncier par la puissance publique afin d’éviter la spéculation et de garantir une politique économique cohérente.