L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a publié en novembre 2024 un rapport sur les impacts et l’avenir de l’intelligence artificielle (IA). Intitulé « ChatGPT, et après ? », ce document explore les dimensions technologiques, politiques, économiques, culturelles et éthiques de l’IA, tout en formulant 18 recommandations clés pour guider la France et ses partenaires internationaux. Voici les points à retenir.

AI

Une technologie en pleine mutation

L’intelligence artificielle, bien que conceptualisée dès 1956, connaît depuis les années 2010 un nouvel essor grâce à l’apprentissage profond (Deep Learning) et à des innovations comme l’architecture Transformer. Ces avancées ont donné naissance à des outils tels que ChatGPT, capables de générer textes, images et contenus multimédias avec une précision inédite.

Cependant, cette progression rapide n’est pas exempte de défis. Le rapport souligne les limites actuelles des IA génératives, notamment leur consommation énergétique élevée, leurs biais systémiques et leurs erreurs dites « hallucinations ». Il appelle à développer des IA plus efficaces et à hybrider les approches actuelles pour dépasser ces contraintes.

 

 

La géopolitique de l’IA

Le rapport met en lumière la domination des États-Unis et de la Chine dans le domaine de l’IA. Tandis que les géants technologiques américains (Microsoft, Nvidia, Alphabet) mènent la recherche et le développement, la Chine investit massivement pour devenir leader mondial d’ici 2030. L’Europe, elle, peine à affirmer sa souveraineté numérique et risque de devenir dépendante des puissances étrangères.

 

 

Économie et société

L’IA transforme les métiers et les marchés, mais son impact économique reste difficile à quantifier. Si elle peut booster certains secteurs, son déploiement soulève des questions sur l’emploi, les inégalités et l’environnement.

 

 

Culture et diversité

La prédominance des modèles anglophones menace l’uniformisation culturelle. Le rapport insiste sur l’urgence de protéger la langue française et de promouvoir des bases de données culturelles spécifiques pour éviter un appauvrissement linguistique et cognitif.

 

 

Un appel à une gouvernance renforcée

L’un des axes majeurs du document est la nécessité de structurer une gouvernance mondiale de l’IA. Le rapport préconise de centraliser cette régulation sous l’égide de l’ONU afin d’unifier les nombreuses initiatives internationales actuellement dispersées.

Au niveau national, la France doit se doter d’une stratégie ambitieuse, en renforçant ses capacités de recherche et de formation, tout en mobilisant des ressources pour développer une filière IA autonome.

 

 

Les recommandations clés

Le rapport propose 18 recommandations, dont les cinq premières sont consacrées à la préparation du futur sommet de l’IA qui se tiendra à Paris les 10 et 11 février 2025 :

  • Faire reconnaître le principe d’une approche transversale de l’IA et renoncer à l’approche exclusivement tournée vers les risques ;
  • Proposer de placer la gouvernance mondiale de l’IA sous l’égide d’une seule organisation internationale ;
  • Initier le cadre d’une régulation globale et multidimensionnelle de l’IA en s’inspirant des travaux de l’OCDE et de l’UE ;
  • Annoncer un programme européen de coopération en IA ;
  • Associer plus étroitement le Parlement à son organisation ;
  • Développer une filière française ou européenne autonome sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’intelligence artificielle ;
  • Mettre en place une politique publique de l’IA avec des objectifs, des moyens et des outils de suivi et d’évaluation ;
  • Organiser le pilotage stratégique de la politique publique de l’IA au plus haut niveau ;
  • Former les élèves de l’école à l’Université, former les actifs et former le grand public à l’IA ;
  • Accompagner le déploiement de ces technologies dans le monde du travail et la société, notamment par la formation permanente ;
  • Lancer un grand dialogue social autour de l’intelligence artificielle et de ses enjeux ;
  • Mobiliser et animer l’écosystème français de l’IA ;
  • Reconduire le programme « Confiance.ai » ou mettre en place un projet équivalent ;
  • Soutenir la recherche publique en intelligence artificielle selon des critères de transversalité et de diversification des technologies ;
  • Relever le défi de la normalisation en matière d’intelligence artificielle ;
  • S’assurer du contrôle souverain des données issues de la culture française et des cultures francophones et créer des bases de données autour des cultures francophones ;
  • Préparer une réforme des droits de propriété intellectuelle, dont le droit d’auteur, pour les adapter à l’IA et surtout aux usages de l’IA générative ;
  • Confier à l’OPECST le suivi et l’évaluation régulière de la politique publique conduite par le Gouvernement.

Alors que Paris accueillera en février 2025 le Sommet pour l’action sur l’IA, ce document offre une base solide pour discuter de gouvernance, d’éthique et d’innovation.

 

Le rapport complet