L'article-dossier du CNER : structurer une filière, un levier de transformation économique

Structurer une filière, c’est mieux ancrer l’activité localement, capter davantage de valeur ajoutée et réduire la dépendance à des fournisseurs ou marchés extérieurs. Une filière est un outil d’aide à la décision pour les acteurs publics et privés. Nos agences de développement économique sont un trait d’union entre ces différents acteurs et leur rôle autour de la structuration de filières est très important.

La structuration de filières génère des retombées économiques significatives et durables pour les territoires.

Tout d’abord, elle privilégie la création d’emplois locaux en stimulant l’émergence d’activités nouvelles ou en consolidant les entreprises existantes autour d’un projet commun. Elle permet aussi de monter en gamme en améliorant la qualité, la traçabilité ou l’innovation des produits ou services proposés, ce qui renforce la compétitivité des acteurs régionaux sur les marchés nationaux et internationaux.

À moyen terme, une filière structurée attire davantage d’investissements, publics comme privés, grâce à une meilleure lisibilité de l’écosystème local et à la capacité collective à porter des projets ambitieux.

En favorisant la relocalisation de certaines productions, la structuration des filières contribue également à réduire les dépendances stratégiques et à améliorer la balance commerciale.

Elle joue un rôle crucial dans l’accompagnement des transitions – écologique, numérique, énergétique – en soutenant l’adaptation des compétences, des équipements et des modèles économiques aux défis contemporains.

En somme, elle agit comme un moteur de transformation économique et d’attractivité territoriale.

Le Réseau des collectivités Territoriales pour une Economie Solidaire (RTES) a travaillé en 2023 sur le rôle de l’économie sociale et solidaire dans la structuration de filières. Effectivement, l’économie sociale et solidaire (ESS) y joue un rôle central, en apportant des réponses concrètes aux défis économiques, sociaux et écologiques. Par nature inclusive, l’approche par filières portée par l’ESS favorise les coopérations entre acteurs hétérogènes autour d’une vision et de valeurs partagées, et permet d’hybrider les modèles économiques en combinant activité productive et utilité sociale. L’ESS contribue à construire des chaînes de valeur ancrées localement, non délocalisables, et renforçant ainsi la résilience et l’attractivité des territoires. Elle permet aussi de professionnaliser ses propres structures, de changer d’échelle et d’être au cœur des dynamiques de filières innovantes, en lien étroit avec les collectivités territoriales. Ces dernières, en impulsant, soutenant ou animant des démarches collectives, reconnaissent et renforcent le rôle structurant de l’ESS dans une transition économique territoriale plus juste et durable.

Ainsi, les agences de développement économique, à l’interface entre les collectivités dont elles dépendent et les acteurs privés, jouent un rôle d’ensemblier et de catalyseur. Elles contribuent à renforcer et à développer les filières localement. Elles interviennent à différents niveaux :

• Cartographie des acteurs (entreprises, centres de recherche, formation, collectivités) ;
• Animation de réseaux et mise en relation des partenaires ;
• Accompagnement des projets collectifs : plateformes mutualisées, démarches qualité, labels, innovation partagée ;
• Veille stratégique et études de filière ;
• Définition et mise en œuvre de feuilles de route collectives ;
• Recherche de financements publics/privés;
• Dialogue avec les pouvoirs publics pour adapter les politiques aux besoins du terrain.

La structuration d’une filière passe aussi par l’élaboration de contrats de filières, qui permettent d’aligner les objectifs des différentes parties prenantes (entreprises, État, collectivités, syndicats, centres de recherche…). Ces contrats, discutés au sein des comités stratégiques de filière, visent à construire une vision partagée et à planifier des actions concrètes en matière d’emploi, de compétences, d’innovation ou d’internationalisation. Comme le souligne La Fabrique de l’industrie :

« Les contrats de filières sont des contrats signés entre les différentes parties prenantes d’une filière. Élaborés et discutés au sein des comités stratégiques de filière, ils permettent de mobiliser l’ensemble des acteurs autour d’une stratégie et d’objectifs communs en lien avec les thématiques de l’emploi, du développement des compétences des salariés, de l’innovation ou encore de l’internationalisation. »

D’ailleurs, il est à noter que le dernier contrat de la filière signé concerne les « Logiciels et solutions numériques de confiance ». Ce contrat a été signé en avril 2025 par l’État, le président du comité et l’organisation syndicale CFE-CGC. Il définit cinq projets structurants, dont le développement d’offres cloud-IA souveraines, la formation aux enjeux du numérique de confiance et la promotion de la croissance internationale du secteur.

Au total, il existe désormais une vingtaine de contrats de filières industrielles concernant des domaines variés dont l’aéronautique, l’automobile, le bois, l’eau, le ferroviaire, diverses industries, la mode et le luxe ….

C’est dans cette dynamique que le CNER, parmi l’ensemble de ses formations, propose de former les développeurs économiques à « l’animation et la structuration de filières ».

Les objectifs de la formation sont de savoir identifier, hiérarchiser, et structurer ses filières, mobiliser et engager les parties prenantes, maîtriser l’offre de services et l’animation des entreprises, maîtriser un ensemble d’outils pour analyser et dynamiser ses filières. Cette formation est animée par Jean-Yves Longère, spécialiste et consultant expert, fort d’une expérience de 37 ans. Elle est coorganisée avec France Cluster.

Découvrez le programme de la formation dispensée les 24 et 25 juin 2025 (14 h de formation)

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