Raréfaction de l’eau : un enjeu central de la transition
La raréfaction des ressources en eau est devenue un enjeu majeur ces dernières années, d’autant plus au regard des nombreuses initiatives de transition durable engagées.

« Stress hydrique », « Rareté de l’eau » voire « Pénurie d’eau », tant de termes pour désigner la crise à laquelle nous faisons face ces dernières années. Selon l’ONU d’ici 2030, nous pourrions manquer de près de 40 % d’eau douce pour couvrir nos besoins.
Face à ces dangers beaucoup d’institutions s’organisent pour tenter de pallier ce problème. Le Sénat a d’ailleurs publié dès 2023, un rapport intitulé « La gestion durable de l’eau : l’urgence d’agir pour nos usages, nos territoires et notre environnement » qui rassemble 53 propositions pour une gestion partagée et durable des ressources en eau.
Les défis majeurs liés à la gestion de l’eau
Plusieurs facteurs contribuent à la tension sur la ressource en eau en France. Selon l’OCDE, depuis 1990, les températures moyennes en Île-de-France ont augmenté de 2 °C, et l’humidité moyenne des sols a diminué de 5 %. Les projections indiquent une baisse des précipitations estivales et une augmentation de l’évapotranspiration, augmentant ainsi le risque de sécheresses sévères.
Par ailleurs, la qualité de l’eau potable est une préoccupation majeure pour 72 % des Français, qui estiment qu’elle se dégrade (Institut Terram). Cette dégradation de la qualité s’explique notamment par la présence accrue de polluants dans les ressources en eau. Pesticides, nitrates, résidus médicamenteux ou encore PFAS (les « polluants éternels ») compliquent le travail des collectivités, qui doivent renforcer les traitements pour garantir une eau potable conforme. Selon WEKA, ces pollutions, combinées aux effets du changement climatique, rendent les ressources plus vulnérables et fragilisent l’équilibre économique des services d’eau. Certaines collectivités, déjà sous pression budgétaire, peinent à faire face à ces nouveaux défis. Ainsi, la question de la qualité de l’eau s’ajoute à celle de sa rareté, aggravant les inquiétudes locales.
Une inquiétude croissante face à la raréfaction de l’eau en France
Selon l’Institut Terram dans son étude intitulée « Eau sous tension : les Français face aux défis hydriques de leurs territoires », 58 % des Français considèrent désormais le stress hydrique comme une réalité présente dans le pays, et 65 % se déclarent préoccupés par les enjeux liés à l’eau. Un clivage générationnel est notable : 61 % des moins de 35 ans jugent le stress hydrique comme une urgence, contre 51 % des 60 ans et plus.
La dégradation de la qualité de l’eau, notamment à cause de polluants comme les « polluants éternels » ou PFAS, soulève la question du principe du « pollueur-payeur ». Bien que ce principe soit connu, il est encore peu appliqué dans la gestion de l’eau en France. Face à l’augmentation des coûts de nettoyage, certaines villes, comme Lyon et Grenoble, ont décidé de porter plainte pour que les industriels responsables couvrent les frais. Si ce principe n’est pas pleinement appliqué, les prix de l’eau continueront de grimper, et cela risque de provoquer un mécontentement général.
Cependant, on assiste à des initiatives portées par des acteurs privés tels que Veolia, membre associé du CNER, afin de pallier la pollution de l’eau comme le projet « eau pure » en Île-de-France. En effet, l’entreprise Veolia s’est lancée dans un projet de la modernisation des usines d’eau potable du syndicat des Eaux d’Île-de-France (Sedif). Le but de cette initiative est ainsi de décontaminer l’eau d’un maximum de micropolluants, et autant que possible, des PFAS.
Des solutions & initiatives pour une gestion durable de l’eau
Face à ces défis, plusieurs initiatives sont mises en place pour adapter la gestion de l’eau. En Île-de-France, des investissements sont réalisés pour renforcer la résilience face à la raréfaction de l’eau, notamment à travers la gestion des lacs et la modernisation des infrastructures.
Dans son rapport sur l’adaptation de l’Île-de-France aux risques de raréfaction de l’eau, l’OCDE souligne ensuite l’importance d’intégrer la gestion de l’eau dans les politiques d’aménagement du territoire, en évitant les projets incompatibles avec la disponibilité en eau et en favorisant la désartificialisation des sols. Enfin, elle recommande de renforcer la gouvernance, en améliorant la coordination entre les différents niveaux d’acteurs publics et en mettant en place des outils économiques incitatifs, tels que des tarifs progressifs ou des aides aux investissements favorisant la sobriété.
Conséquences pour l’industrie
En réaction à ces tensions croissantes, l’industrie doit s’organiser pour permettre une transition fluide. Ainsi, le gouvernement impose peu à peu de nouvelles règles. On peut citer par exemple, le décret du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires qui, voté en 2024, établit les conditions d’utilisation des eaux impropres à la consommation humaine (EICH) pour des usages domestiques au sein des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). L’objectif principal de ces mesures est de favoriser la sobriété hydrique des installations industrielles en encourageant la réutilisation d’eaux non potables, afin de préserver les ressources en eau potable. Ces mesures font elles-mêmes partie du Plan eau.
Cependant, la réindustrialisation de la France peut mettre un frein à ces initiatives comme l’indique plusieurs médias dont L’ADN ou Le Monde. En effet, les experts appellent à mettre en place des pratiques industrielles, centrée sur l’innovation technologique et l’amélioration des procédés.
En conclusion, la raréfaction de l’eau en France est une réalité qui suscite une inquiétude croissante parmi les citoyens et les collectivités. Les défis sont multiples, mais les initiatives se multiplient pour assurer une gestion durable de cette ressource essentielle.
Sources :
- OCDE, « Adapter l’Île-de-France aux risques de raréfaction de l’eau », 17 mars 2025.
- Weka, « Eau : polluants, prix, l’inquiétude monte dans les collectivités », 13 mars 2025.
- Institut Terram, « Eau sous tension : les Français face aux défis hydriques de leurs territoires », mars 2025.
- TV5 Monde, Projet « eau pure » en Île-de-France : les tests de Veolia ont démarré, 07 mai 2025.
- ADN, Gestion de l’eau : face au changement climatique, la soif de l’industrie, 08 avril 2025.
- Banque des Territoires, Sobriété hydrique des sites industriels : le cadre pour l’utilisation des eaux « non-conventionnelles » est fixé, 17mars 2025.