Les nouveaux droits de douane américains : quels impacts pour les secteurs français et leurs territoires ?
Depuis son accession à la présidence, Donald Trump a engagé une offensive contre les marchés extérieurs, mais quelles en sont les répercussions concrètes pour la France ?

Depuis le 3 mars 2025, l’administration américaine a enclenché une nouvelle vague de droits de douane visant plusieurs produits européens, relançant une guerre commerciale à fort impact. Cette mesure, officiellement motivée par la protection des intérêts industriels américains, frappe directement des filières stratégiques françaises. Au-delà des chiffres, ce sont des régions entières qui se retrouvent exposées à des déséquilibres économiques majeurs.
Des secteurs clés sous pression
Le secteur aéronautique est l’un des premiers touchés. L’avionneur Airbus, pilier industriel d’Occitanie, alerte sur une possible « désorganisation majeure de la chaîne d’approvisionnement » en raison de la taxation de 15 % appliquée aux composants exportés vers les États-Unis. D’autant plus qu’Airbus emploie plus de 20.000 personnes sur ses sites toulousains.
Le secteur automobile, également concerné par la nouvelle vague tarifaire, subit une surtaxe de 25 % sur les véhicules et certaines pièces détachées exportées vers les États-Unis depuis le 3 avril 2025.Cette mesure affecte les constructeurs comme les sous-traitants français, pris dans des chaînes de valeur mondiales complexes. Alternatives Économiques évoque une possible désorganisation du « grand Meccano mondial », où une pièce bloquée peut freiner toute la chaîne. Les régions à forte densité industrielle comme le Grand Est ou les Hauts-de-France, où l’automobile reste un pilier de l’emploi manufacturier, sont particulièrement vulnérables.
Côté agroalimentaire, les droits de douane ciblent à nouveau les produits traditionnels comme le vin, les fromages ou les spiritueux. Pour la Nouvelle-Aquitaine, première région exportatrice de vin vers les États-Unis, cela représente une menace directe sur un marché qui pèse plus de 3,8 milliards d’euros d’exportations annuelles en 2024.
Des territoires inégalement vulnérables
Selon une analyse de la Banque des Territoires, membre associé du CNER, certaines régions françaises présentent une exposition aux États-Unis supérieure à 10 % de leur valeur ajoutée industrielle. L’Occitanie, en raison de la concentration autour d’Airbus, figure parmi les plus fragiles. En Nouvelle-Aquitaine, les acteurs viticoles redoutent une déstabilisation durable de leurs marges. À cela s’ajoute la menace d’une désorganisation logistique sur les ports et les plateformes exportatrices.
Les territoires fortement spécialisés et peu diversifiés sont les plus vulnérables : tout choc tarifaire remet en question la pérennité de filières entières. Le risque est double : réduction de l’activité locale et désinvestissement international dans les zones perçues comme instables.
Vers une stratégie d’adaptation
Face à cette offensive tarifaire, les entreprises françaises peuvent s’appuyer sur plusieurs dispositifs. Le ministère de l’Économie propose un accompagnement sectoriel avec des cellules de crise, des aides à la réorientation des marchés et un portail dédié pour suivre l’évolution des tarifs douaniers.
Mais au-delà de l’urgence, c’est une réflexion stratégique de fond qui s’impose : diversification des débouchés à l’export, montée en gamme pour compenser les hausses de coûts, relocalisation partielle pour sécuriser les chaînes de valeur.
En savoir plus sur l’accompagnement du ministère de l’Economie
Sources :
Alternatives Économiques, 7 avril 2025. « Les droits de douane américains chamboulent le grand Meccano mondial de l’automobile », Alternatives Économiques.
France 3 Occitanie, 9 avril 2025. « Airbus craint la hausse des droits de douane imposée par les États-Unis », France 3.
Banque des Territoires, 4 avril 2025. « Droits de douane américains : des régions plus exposées ? », Banque des Territoires.
Ministère de l’Économie, 9 avril 2025. « Droits de douane américains : toutes les informations pour les entreprises », Ministère de l’Économie.